Migrations Cloud 2022 : encore six pièges budgétaires

La complexité de gestion des projets de migration vers le cloud peut vite conduire les entreprises à négliger certains écueils majeurs, difficiles à identifier. Même celles ayant déjà adopté le cloud ne sont pas exemptes de mauvaises surprises. La société Apptio identifie six domaines à surveiller.

La mise en œuvre de stratégies fondées sur le cloud est associée à une interaction complexe entre la consommation et les coûts, caractérisée par différentes variables techniques et budgétaires qui évoluent dynamiquement.

Cela exige donc d’établir rapidement un lien entre la supervision IT et budgétaire, avec des processus et des systèmes à mettre en place simultanément pour une migration vers le cloud. Si certaines entreprises trouveront cela inhabituel au départ, elles finiront par tirer une valeur ajoutée maximale de leurs projets cloud sur le long terme. Lors de la migration vers le cloud, six points de vigilance restent nécessaires :

Ressources au passif sur site 
Au moment de planifier une tactique pour faire migrer tel ou tel workload vers le cloud, la priorité est souvent donnée aux critères de la stratégie métier. Or, avec cette approche, les obligations contractuelles du datacenter, gérées de façon décentralisée, sont trop souvent négligées. Cela concerne les contrats de location et les amortissements matériels en cours, mais aussi les contrats de maintenance et de support, sans oublier les dépenses de gestion, d’administration et d’audit.
Il est donc important de clarifier en amont les coûts totaux de ces contrats sur site, sur la base des conditions générales, car ils viennent s’additionner aux dépenses d’exploitation du cloud.

Capacité de gestion multicloud
Les clouds publics sont capables de satisfaire toutes les exigences habituelles à partir d’une seule et unique source. En y regardant de plus près, on constate que les coûts et les services varient d’un prestataire à l’autre et qu’il convient de diversifier et d’équilibrer les risques. En outre, une gestion multicloud prendra en charge la sécurité des données en les répartissant sur plusieurs clouds pour renforcer la résilience en cas de cyberattaque et les pertes de données.
Pour éviter les surcoûts, l’entreprise doit se préparer en s’appuyant sur des experts, des solutions et des processus adaptés : analyse des workloads pour établir de meilleures prévisions, réajustement et optimisation des coûts, utilisation active de l’élasticité des fonctionnalités du cloud pour faire face aux surcharges et supervision permettant d’identifier les services inutilisés ou les anomalies de consommation.

Différences de facturation : choisir le bon mix
Pour évaluer les coûts et le budget des services cloud, il est primordial de comprendre comment chacun des fournisseurs mesure l’utilisation de ses ressources et quels critères sont utilisés pour la facturation : du tarif horaire pour l’utilisation d’instances individuelles au trafic mensuel en gigaoctets de données, avec différents engagements, en passant par la tarification au volume de données.
Les entreprises doivent disposer d’informations précises sur la capacité et l’offre cloud qu’il leur faut, et les périodes planifiées pour leurs phases de migration.

De la performance à l’évolutivité applicative 
L’architecture et la performance des applications ont peu d’incidence sur un datacenter généreusement équipé. En revanche, elles peuvent faire exploser les coûts en cas d’exploitation dans le cloud. Ce facteur de coût est communément sous-estimé dans les environnements multicloud où les applications génèrent un trafic de données qui sort des limites du cloud. De fait, nombre de prestataires cloud facturent le trafic entrant et sortant. D’où l’importance de connaître les structures de coûts, avec un retour automatique des applications au niveau initial une fois les pics de surcharge passés.
Le même principe s’applique aux stockages cloud et autres ressources qu’utilisent les équipes DevOps dans leurs projets. Il est donc utile d’effectuer avant la migration une analyse des coûts à la source pour être capable d’intervenir rapidement et de manière ciblée.

Lift and Shift et systèmes hérités 
L’ approche « lift and shift » consiste à déplacer rapidement applications et données vers le cloud, sans procéder à aucun réglage, voire sans dimensionner les services cloud individuels pour l’usage qui en sera fait. Cette option prétendument économique peut en réalité aboutir à une explosion inattendue des coûts. Des coûts d’infrastructure du cloud public, largement supérieurs à ceux d’un datacenter, apparaîtront ensuite. Et il faudra finalement adapter l’architecture aux besoins du cloud, tout en fournissant parallèlement un effort considérable de planification du projet. Autre facteur de coût : les systèmes anciens ou hérités qu’il est impossible de faire migrer tout simplement pour des raisons techniques, mais qu’il faut conserver avec les données qu’ils abritent, principalement pour des raisons juridiques. Le résultat : ces ressources sur site ne pouvant pas être démantelées comme prévu continuent de grever le budget informatique.

Stratégie de sortie sur le site : limiter les doublons avec des analyses cohérentes.
Pendant la phase de transition, il est indispensable de disposer de fonctions redondantes dans le cloud et dans le datacenter. Cette phase doit être associée à une supervision cohérente des workloads et à des analyses de la demande réelle en corrélation avec les coûts et leurs variables chez le ou les prestataires cloud. Outre sa qualité technique, cette approche garantit une prise de décision rapide et cohérente quant au moment opportun de démanteler(ou pas) le datacenter. À défaut, de coûteux doublons risquent de perdurer inutilement très longtemps.


Auteur de l’article : Rédacteur externe