L’Alliance pour la Confiance Numérique évalue à 17,7 milliards d’euros le CA de la filière française, soit une croissance annuelle juste au-dessus de deux chiffres à 10,1%.
L’observatoire 2023 de l’ACN présenté ce 6 juin confirme « la forte croissance de la filière confiance numérique en France depuis cinq ans, placé au second rang derrière l’industrie chimique mais devant les industries électriques et les produits informatiques, » retient Yoann Kassianides, délégué général de l’Alliance pour la Confiance Numérique.
Mieux, l’accélération actuelle du marché regroupant l’identité numérique, la cybersécurité et l’IA de confiance surpasserait celle des autres industries. En effet, le secteur est tiré par plusieurs locomotives que sont l’IAM (la gestion d’accès et d’identités), l’audit et le conseil, la mise en œuvre de solutions de cybersécurité, la protection des données et celle des infrastructures.
Des défis de formation et de co-construction
« La demande est bien là : les acteurs de la confiance numérique ne rencontrent aucun souci au niveau du carnet de commandes. En revanche, ils souffrent d’un manque de compétences. La filière reste nouvelle et on part d’à peu près rien en termes de formation ; l’offre se structure, mais cela prend du temps, » constate le délégué général de l’ACN. Avec l’organisation en France de la coupe du monde de rugby en septembre-octobre puis les Jeux Olympiques de Paris à l’été 2024, « la sécurisation d’événements mondialement médiatisés, cibles de cyberattaques, devient concrète, » poursuit-il.
L’ACN y voit une vitrine pour exposer le savoir-faire français. Néanmoins, l’intelligence collective pour co-construire, déployer puis exploiter des solutions efficaces reste un défi à relever : « C’est le moment d’apprendre à travailler tous ensemble, préfectures, régions, départements, prestataires privés et publics, industriels de la sécurité physique, de la vidéo protection et de la cybersécurité. Le panel de besoins est très large, et les parties prenantes à coordonner très nombreuses : fédérations sportives, protection civile, stades, bénévoles, etc. »
Un savoir-faire qui s’exporte bien
Au total, 2129 entreprises constituent la filière française de la confiance numérique qui se répartit en 1741 entreprises de sécurité numérique, 703 entreprises de logiciels et produits cyber et 690 sociétés de services cyber. Les emplois en France concernent 86 745 professionnels, et 138 100 dans le monde. Ils génèrent la création d’une valeur ajoutée de 8,37 milliards d’euros.
En 2022, l’ACN estime à 17,7 milliards d’euros le CA de la confiance numérique dont près d’un tiers est réalisé à l’export (5,4 milliards d’euros de CA export). Malgré ce chiffre d’affaires significatif et des acteurs français à la pointe en termes de compétences et de R&D, la croissance pourrait être freinée par la concurrence des GAFAM américains et des BATX chinois. Elle n’en demeure pas moins durable dans un contexte de souveraineté numérique nationale, d’autonomie stratégique et de bouclier cyber européen à bâtir.
Sur le seul segment de l’élément sécurisé (Secure Element), la France compte 3 champions avec Thales, Idemia et ST Microelectronics. Rappelons que cette plate-forme matérielle sécurisée contient des données en conformité avec les règles et les exigences de sécurité fixées par les autorités de confiance.
Davantage de solutions SaaS clé-en-main
L’uniformisation des produits de sécurité délivrés en tant que services se confirme. En 2020, la fourniture de logiciels en mode SaaS représentait déjà 40% de la valeur totale du marché européen des logiciels d’entreprises ; cette proportion devrait approcher les 80% à l’horizon 2030.
Autre tendance récente, « davantage d’offres globales clé-en-main apparaissent chez Engie, Orange et Thales qui s’appuient sur des composants open source, des développements internes ou des acquisitions de technologies, d’éditeurs ou de prestataires complémentaires, » précise Yoann Kassianides.
Entre janvier 2021 et mars 2023, l’ACN note 41 rachats d’entreprises dans la filière française, dont 8 par des sociétés étrangères, 22 rachats par d’autres entreprises françaises, et 11 acquisitions d’entreprises étrangères. Sur les 106 membres de l’ACN, 89% sont des PME/TPE et ETI ; elles représentent les deux tiers du chiffre d’affaires réalisé par les sociétés de la confiance numérique.